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Une voix puissante au festival de Buxton pour un Jason au corps fluet
John Robert-Blunn, Manchester Evening News
« Il n'y a aucune limite à ce que je désire chanter », déclare Howard Haskin à l'heure du thé dans un hôtel de style néo-classique très anglais de Buxton. À ma grande surprise, il me raconte sa prestation dans le Requiem de Verdi à Dublin et avoue qu'il est attendu en mai prochain à Haifa pour interpréter Le chant de la Terre de Mahler.
Je m'étais imaginé à tort que ce ténor Noir-américain de 31 ans, qui a fait forte impression auprès d'un large public à l'opéra de Buxton avec son interprétation de Jason dans la version controversée du Médée de Cherubini donnée lors du festival, était un chanteur d'opéra uniquement.
Mais Haskin est, et entend demeurer, un chanteur complet. Malgré l'acclamation reçue à Buxton et même si, après être retourné quelque temps dans son Paris d'adoption suite à la tournée de Médée, il interprétera le rôle imposant de Pâris (sans jeu de mots) dans Le Roi Priam de Tippett avec le Kent Opera. Et, si tout se passe comme prévu, il aura la joie d'interpréter à nouveau le rôle de Jason qu'il a tenu lors du festival de Buxton mais, cette fois, ce sera l'année prochaine à Lyon.
Déclarer qu'il a eu de la chance de décrocher le rôle au festival de Buxton, ce n'est pas forcément se placer du bon côté du miroir. C'est vrai, il n'obtient pas des honoraires ou une place d'honneur en haut de l'affiche aussi importants qu'un artiste tel que Pavarotti. D'un autre côté, le directeur musical Anthony Hose et le producteur Malcolm Fraser, qui avaient offert à la soprano Rosalind Plowright le rôle titre, étaient depuis des mois à la recherche d'un partenaire de talent ayant déjà interprété Jason.
Ce n'est qu'au mois de juin que l'agent d'Haskin, Tony Kaye (qui est également l'agent et l'époux de Rosalind Plowright) lui a téléphoné à Paris. Une audition a suivi rapidement, au cours de laquelle messieurs Hose et Fraser ont été impressionnés.
Haskin, qui étudie depuis huit ans avec Marie-Henriette Dejean (« un professeur merveilleux »), a déclaré : « Beaucoup de personnes me considèrent comme une sorte de ténor mozartien. Mais, lorsque j'ouvre la bouche, il en sort une voix plus puissante qu'elles ne pensaient à la première audition ». (Il a chanté Radames quatre nuits de suite avec le Northern Opera, un ensemble semi-professionnel de Newcastle, où il ne comprenait pas un traître mot de Geordie).
Il reconnaît que, du haut de son mètre soixante-dix et quelques, son aspect peu charnu, voire famélique, y est sans doute pour quelque chose. « Je devrais peut-être me muscler », admet-il. En effet, il soulève des poids et adore nager comme les poissons d'eau douce qu'il essaie volontiers d'attraper.
Sur la scène de Buxton, il semble maigre, certes, mais élancé et athlétique. Quoi qu'il en soit, il impressionne par sa voix et joue merveilleusement bien.
Haskin paraît déjà bâti pour la scène lorsque, à l'âge de trois ans, il commence à danser sur la musique de Gerswhin. Il débute le piano l'année suivante. Bien plus tard, il fait ses études à l'université de Wichita State, puis d'Indiana.
Après deux années passées à Zurich, on lui offre du travail en Allemagne. Il doit alors décider s'il veut continuer ses études à Paris où il a déjà débuté sa carrière professionnelle européenne en jouant dans Porgy & Bess. Il choisit Paris.
« C'est un endroit magnifique », s'exclame-t-il en s'empressant d'ajouter qu'il aime beaucoup l'Angleterre et Buxton en particulier. Puis il me verse une seconde tasse de thé et grignote un biscuit.
Haskin est aussi bon diplomate que chanteur. Et il est évident que Buxton l'aime.
Texte original en anglais copyright © 1984 Manchester Evening News
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Howard Haskin interprète Jason dans Médée au festival de Buxton.
M. Haskin dans le rôle de Jason avec Rosalind Plowright dans Médée.
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